Ivan Illich

Ivan Illich le penseur de l’écologie politique

Ivan Illich est un penseur de l’écologie politique et une figure importante de la critique de la société industrielle, Décédé en 2002 d’une tumeur au cerveau, qui lui a été diagnostiquer 20 ans avant sa mort et dont il refusa de se faire soigner. Selon lui assommé de rayons létaux qui détruisent autant la tumeur que les organes autour le patient finit par « mourir de guérir ».

Plutôt visionnaire à mes yeux, quand on voit ou nous en sommes aujourd’hui à avoir voulu faire les Hommes pressés.

A défaut d’accepter de prendre son temps, d’accepter que la nature soit ainsi faite, de chercher sans cesse plus de confort, nous avons déréglé bien des choses. Et si nous avions écouté un peu plus ses Hommes les mondes aurait sûrement un avenir plus radieux devant lui.

Théories si vous souhaitez en savoir un peu plus (Wikipédia)

Institutionnalisation

A partir du moment où la société industrielle, par souci d’efficacité, institutionnalise un moyen (outil, mécanisme, organisme) afin d’atteindre un but, ce moyen tend à croître jusqu’à dépasser un seuil où il devient dysfonctionnel et nuit au but qu’il est censé servir. Ainsi l’automobile nuit au transport, l’école nuit à l’éducation et la médecine nuit à la santé. L’institution devient alors contre-productive en plus d’aliéner l’être humain et la société dans son ensemble.

« En standardisant les besoins, les solutions et les modes de vie, on arase l’humanité. »

« Lorsqu’une activité outillée dépasse un seuil défini par l’échelle ad hoc, elle se retourne d’abord contre sa fin, puis menace de destruction le corps social tout entier. »

Monopole radical

Il est l’inventeur du concept de monopole radical (lorsqu’un moyen technique est ou semble trop efficace, il crée un monopole et empêche l’accès aux moyens plus lents, comme les autoroutes vis-à-vis de la marche à pied par exemple).

« Quand une industrie s’arroge le droit de satisfaire, seule, un besoin élémentaire, jusque-là l’objet d’une réponse individuelle, elle produit un tel monopole. La consommation obligatoire d’un bien qui consomme beaucoup d’énergie (le transport motorisé) restreint les conditions de jouissance d’une valeur d’usage surabondante (la capacité innée de transit). »

École

Illich est partisan d’une déscolarisation de la société industrielle. Il considère en effet l’école comme une pollution sociale ( Il dénonça le système scolaire et sa façon de préparer l’enfant à une vie de consommation irréfléchie en lui servant du savoir a ingurgiter de façon passive. ), nuisible à l’éducation car donnant l’impression d’être seule capable de s’en charger. Afin que cette déscolarisation soit effective, il faudrait imaginer la possible séparation entre l’école et l’État

Les capacités naturelles d’apprentissage de l’enfant, constate Illich, se manifestent en dehors de l’école : ce n’est pas l’école qui apprend à l’enfant à parler, à jouer, à aimer, à sociabiliser, qui lui apporte la connaissance d’une deuxième langue, le goût de la lecture.

Son expérience pratique lui vient de ce qu’il a été le cofondateur du Centre interculturel de documentation (CIDOC) de Cuernavaca au Mexique, où dix mille adultes ont appris à connaitre la langue espagnole et la culture latino-américaine. Il dénonce le conformisme des universités riches et le terrible gaspillage instauré en pays pauvres : Jeunes diplômés devenus étrangers à leur propre peuple, enfants de milieux modestes rejetés et laissés sans espérance. Il faut rompre les chaînes de l’habitude, refuser la soumission, indiquer d’autres voies…

En substitution aux écoles, Illich préconise de créer des « réseaux de communication culturelle » avec des centres de documentation, et une possibilité d’enseignement mutuel, entre pairs, à égalité, que Isabelle Stengers rapproche de l’école mutuelle. À tout âge, il faut permettre le droit d’apprendre et pas seulement d’apprendre quelque chose, mais d’apprendre à quelqu’un d’autre : « le droit d’enseigner une compétence devrait être tout aussi reconnu que celui de la parole »

Outil

Le concept d’outil est important dans la critique illichienne de la société industrielle car il décrit le mode de fonctionnement des moyens techniques et institutions. Un outil peut être considéré comme ce qui est mis au service d’une intentionnalité ou comme un moyen pour une fin. Exemples : l’école ou la médecine en tant qu’institutions ; les réseaux routiers. Illich insiste sur la valeur aliénante de ces outils privant l’individu de son autonomie, de son savoir-faire et lui dictant ses besoins. L’outil maîtrise donc l’individu et l’enchaîne au corps social.

C’est lorsqu’un outil atteint son seuil d’utilisation qu’un effet pervers apparaît : la contre-productivité.

Illich tente une définition de l’outil convivial (« la convivialité »). Pour être convivial ce dernier ne doit pas créer d’inégalité, il doit renforcer l’autonomie de chacun et il doit accroître le champ d’action de chacun sur le réel.

Contre-productivité

La principale notion illichienne est le concept de la « contre-productivité ». Lorsqu’elles atteignent un seuil critique (et sont en situation de monopole), les grandes institutions de nos sociétés modernes industrielles s’érigent parfois sans le savoir en obstacles à leur propre fonctionnement : la médecine nuit à la santé (tuant la maladie parfois au détriment de la santé du patient) ; le transport et la vitesse font perdre du temps ; l’école abêtit ; les communications deviennent si denses et si envahissantes que plus personne n’écoute ou ne se fait entendre, etc.

Vitesse généralisée

Penseur de l’écologie politique, Illich lutta contre le système automobile et tous les moyens de transports trop rapides qu’il jugeait aliénants et illusoires. Il avait par exemple développé une notion qu’il a appelé vitesse généralisée calculée en prenant en compte non seulement le temps passé à conduire une automobile, mais aussi le temps moyen passé à travailler pour l’acquérir et faire face aux frais afférents, la vitesse du bolide était de 6 km/h, soit celle d’un marcheur. En dehors des publications d’Illich lui-même, « aucun travail académique ne semble avoir été consacré directement à ce sujet, même si les allusions au raisonnement d’Illich ne sont pas rares [et] seuls quelques promoteurs acharnés du vélo se sont accrochés à cette analyse et ont tenté de l’enrichir1».

La convivialité

Il travailla à créer des pistes vers d’autres possibilités, qui s’expriment selon lui par un retour à des outils conviviaux, qu’il oppose aux machines. L’outil accepte plusieurs utilisations, parfois détournées du sens originel, et permet donc l’expression libre de celui qui l’utilise. Avec une machine, l’homme devient serviteur, son rôle se limitant désormais à faire fonctionner une machine construite dans un but précis.

On peut avoir une idée de la convivialité chez Illich avec la relation autonomie et hétéronomie liée aux valeurs d’usage et d’échange marxiennes et à l’idée d’union-au-monde d’Erich Fromm.

On peut le considérer, avec son ami Jacques Ellul, comme l’un des principaux inspirateurs des concepts d’« après-développement » (diffusé notamment par des auteurs qui ont travaillé avec Illich, tels Majid Rahnema ou Gustavo Esteva (en)).

Le manifeste convivialiste17,18, publié en juin 2013, est inspiré des travaux d’Ivan Illich.


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